Une horrible fusillade de masse par un raciste et antisémite solitaire a fait 10 morts dans un supermarché de la communauté noire de Buffalo, dans l’État de New York, le 14 mai.
Le Parti démocrate et les médias libéraux utilisent cette tragédie pour promouvoir leur point de vue selon lequel le plus gros problème aux États-Unis et dans le monde aujourd’hui n’est pas le capitalisme en crise, qui ravage les emplois, les conditions et les droits des travailleurs et de nos familles, mais bien la violence de la droite et la « suprématie blanche ».
« Le Parti socialiste des travailleurs condamne la fusillade à Buffalo de la manière la plus ferme possible », a dit au Militant Sara Lobman, candidate du Parti socialiste des travailleurs au Sénat de New York. « La violence antinoire et la haine des Juifs sont un danger mortel pour tous les travailleurs et il faut les combattre. À tous ceux qui cherchent à diviser les travailleurs sur la base de la couleur de la peau, de la religion ou du sexe, il faut répondre en s’unissant, en construisant des syndicats de combat, en luttant pour que les travailleurs prennent le pouvoir politique entre nos mains. »
Les libéraux espèrent transformer l’indignation suscitée par le massacre en votes pour les démocrates. Ils prétendent que les républicains sont des partisans racistes de la théorie réactionnaire du « Grand Remplacement » adoptée par Payton Gendron, le tueur de 18 ans.
Dans son délire, Payton Gendron reproche aux Juifs de chercher à « remplacer » les caucasiens par des Noirs et des immigrants. Il dit que son attaque avait comme l’un de ses principaux objectifs d’inciter à « la vengeance et de séparer davantage » les Noirs et les immigrants des caucasiens. Ces opinions de droite sont très largement propagées sur Internet.
Les politiciens du Parti démocrate, comme le président Joseph Biden, la gouverneure de l’État de New York Kathy Hochul et le sénateur Charles Schumer, utilisent également les meurtres pour faire adopter des mesures qui sapent les droits politiques au nom de la lutte contre le « terrorisme intérieur ».
Pour promouvoir ces mesures, les libéraux camouflent des faits importants, notamment en tentant de bloquer l’accès à l’ignoble manifeste de 180 pages rédigé par Payton Gendron.
La haine des Juifs imprègne le manifeste de Payton Gendron. À mesure que s’approfondira la crise du capitalisme, les dirigeants utiliseront de plus en plus la haine des Juifs pour détourner l’attention de la véritable source des problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs et la classe moyenne, à savoir le capitalisme. La lutte contre la haine des juifs est cruciale pour la classe ouvrière.
Le tireur de Buffalo appelle à la guerre contre les Juifs
« La vraie guerre que je préconise, c’est celle des gentils contre les Juifs, a écrit Payton Gendron. Les Juifs sont le plus gros problème que le monde occidental ait jamais eu. Il faut les dénicher et les tuer. S’ils ont de la chance, ils seront exilés. »
Certains articles de presse ont mentionné « l’antisémitisme » de Payton Gendron. Mais il y en a peu, voire aucun, en dehors de la presse juive et de certains médias en Israël, qui ont cité ce qu’il a réellement dit. C’est parce que cela ne fait pas avancer leur « discours » selon lequel les suprémacistes blancs qui s’attaquent aux Noirs sont le plus gros problème aux États-Unis aujourd’hui.
Le New York Times a publié un article entier le 16 mai sur les écrits de Payton Gendron sans mentionner une seule fois les Juifs ou l’antisémitisme ! Pourtant, le manifeste de Payton Gendron fait référence aux Juifs plus qu’à tout autre groupe.
Associer la haine des Juifs aux attaques contre la lutte pour les droits des Noirs n’a rien de nouveau. La campagne raciste contre les Scottsboro Boys, neuf adolescents noirs accusés du viol de deux femmes de race blanche dans les années 1930, a pris en grande partie la forme d’efforts pour susciter la haine contre leurs avocats juifs.
Le racisme fait partie intégrante du capitalisme. Les dirigeants l’utilisent aujourd’hui pour tenter de diviser la classe ouvrière et abaisser les salaires. Mais en mettant fin à la ségrégation de Jim Crow, le mouvement de masse pour les droits des Noirs des années 50 et 60 a transformé les travailleurs et les relations sociales. Il faudrait une contre-révolution sanglante pour reprendre ces gains.
L’horrible massacre de Buffalo est loin d’être la seule fusillade de masse au cours des dernières années. De tels massacres sont venus aussi bien de la gauche, que de la droite ou de personnes détruites par le capitalisme qui n’avaient aucune motivation politique.
En 2017, un partisan du sénateur démocrate Bernie Sanders a tiré sur des membres du Congrès républicains qui s’entraînaient au baseball, tuant presque le représentant Steve Scalise. La riposte rapide de deux membres de la sécurité de Scalise a empêché un pire désastre.
La même année, pour des motifs encore inconnus, un tireur solitaire a tué 58 personnes et en a blessé 489 autres, pour la plupart des caucasiens, lors d’un festival de musique country à Las Vegas.
La presse libérale publie un article après l’autre blâmant les partisans de l’ancien président Donald Trump et d’autres républicains pour le massacre de Buffalo, en affirmant que leurs opinions contre les immigrants équivalent à la « théorie du remplacement » et que c’est elle qui est à la base des gestes posés par Payton Gendron.
En fait, c’est une aile du Parti démocrate qui appelle ouvertement à faire en sorte que le plus possible d’immigrants deviennent citoyens, en espérant qu’ils voteront démocrate et feront basculer les élections dans cette direction pour les années à venir. C’est le cœur d’un livre de 2002 largement diffusé The Emerging Democratic Majority par les experts libéraux John Judis et Ruy Teixeira. Ils appellent les démocrates « le parti de la transition » car « l’Amérique blanche est supplantée par l’Amérique multiraciale et multiethnique ».
Utiliser l’immigration à des fins politiques partisanes dans le but de fabriquer des électeurs antirépublicains sape la lutte pour l’amnistie et les droits des travailleurs sans papiers. Et cela donne aux forces qui sont contre les immigrants et les travailleurs un levier pour leurs théories du complot réactionnaires.
Plus de pouvoir pour le gouvernement, une menace pour les travailleurs
Tout aussi dangereuses pour la classe ouvrière sont les tentatives d’utiliser le massacre pour affaiblir les protections constitutionnelles inscrites dans la Déclaration des droits.
Le lendemain de la tuerie de Buffalo, le procureur général des États-Unis, Merrick Garland, a déclaré qu’il espérait inculper Payton Gendron d’un « crime haineux » fédéral, ce qui permettrait la peine de mort. Gendron a déjà été inculpé de meurtre au premier degré par un grand jury de New York. Une inculpation fédérale constituerait une double incrimination en vertu de la Déclaration des droits, qui interdit que quelqu’un soit inculpé deux fois pour le même crime.
Maya Wiley, présidente de la Conférence de direction pour les droits civils et humains, soutient certaines des mesures du gouvernement. Mais elle a dit au Washington Post qu’elle s’opposait à demander la peine de mort parce que la peine capitale vise les Noirs et les autres minorités opprimées de manière disproportionnée.
La gouverneure Kathy Hochul a utilisé le massacre comme prétexte pour signer un décret pour créer des unités de terrorisme intérieur au sein de la police de l’État et donner aux policiers encore plus de latitude pour s’en prendre aux travailleurs. Le département de la Justice a déjà fait de même plus tôt cette année.